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A Rebrousse-Poil




Indignons-Nous

Vitrine du Kiosque de presse sur 9th St. à Durham.

Le magazine "The Nation" avec le manifeste de l'intellectuel Français Stéphane Hessel en couverture.

Regulator BookStore, Ninth Street, Durham, NC.

"The Nation" with French Intellectual Stephane Hessel's manifesto on the cover.




La tribune ci-dessous est apparue dans Le Monde.fr le 10 Mars 2011, voir ici. Le même jour j'étais dans le Forum du Mouv de Eric Lange, pour écouter, cliquez sur ce lien :

Podcast

A REBROUSSE-POIL



Les mouvements du Moyen-Orient intéressent l’Amérique. En admettant que le président Obama n’en soit qu’un acteur réactif, il a, à tout le moins, compris immédiatement que c’était la chance des Etats Unis de sortir de l’engrenage militaire dont ils sont typiquement adeptes. Sans doutes Barack Obama comprend-il que si après neuf ans en Afghanistan, la plus puissante armée au monde du plus riche pays au monde n’est ni parvenue à dompter le Taliban, ni à convaincre les Afghans que l’Amérique avait mieux à leur offrir que les Islamistes, alors convient-il de sortir de la logique reptilienne. L’attitude du président Américain face aux révoltes du Proche Orient, prouve en tous cas qu’il est convaincu que l’image des Etats Unis en terre Musulmane est désormais plus stratégique que ses missiles intercontinentaux, et qu’il est donc vital que son administration défende dans le monde Arabe, les valeurs desquelles l’Amérique se réclame à tue-tête.

Tout cela passionne les Américains, obsédés par tout ce qui touche à l’Islam depuis le 11 Septembre, obsession qui se traduit soit par la haine, soit par le besoin de compréhension, selon qu’ils soient réactionnaires ou pas. L’on sait que les conditions économiques insupportables, sont à la base des récentes révoltes arabes. Toute proportion gardée, les Américains sont eux aussi dans une situation douloureuse. Depuis la fin de l'ère Clinton, le niveau de vie n’a cessé de baisser pour les classes moyennes, conséquence de la globalisation, de l’hégémonie du militaire aux dépends de l’investissement publique, alors que de puissants lobbies au service des privilégiés du Status Quo, martèlent la bataille des idées afin de livrer l’élection d’élus acquis, c’est bien le mot, à leurs besoins.

En Amérique aujourd’hui, 1% de la population détient 40% des richesses, et 22% des revenus. Les 5% les plus riches, possèdent autant que les 95% restant. C’est le pays du monde occidental où l’inégalité sociale est la plus forte,
la Suéde étant le pays le plus égalitaire, assez proche d’une égalité mathématiquement parfaite, ce qui démontre qu’elle est possible. C’est dans cette Amérique là que Barack Obama a dû concéder aux Républicains, fin 2010, une extension de deux ans de la baisse d’impôts pour les milliardaires et millionnaires, alors que leur déficit font courir les Etats Unis à leur perte. C’est dans cette Amérique là que le chantage au chômage autorise les coupes de salaires à répétition.

Aujourd’hui bien des Etats (des Etats Unis), sont en proie à des crises budgétaires profondes. Deux réponses seraient possible :
• Augmenter certains impôts.

• Imposer des réductions de salaires aux fonctionnaires, supprimer des postes, donc des services etc...

Partout où les Républicains sont en charge, et même ailleurs,
c’est la deuxième solution qui est choisie, l’autre étant parfaitement anathème. Pourtant remonter par exemple les impôts sur le revenu, reviendrait à faire payer tout le monde les services comme l’éducation, sans lesquels une société s’écroule. Mais il est plus expéditif pour les revanchards des acquis sociaux, de faire payer uniquement les fonctionnaires.

La pilule est amère, mais dans l’Amérique généralement obéissante, complaisante, contrôlée comme décrit précédemment, et du coup muselée, cela passerait. Le pêché mortel des Républicains, est qu’ils en veulent trop. L’un de leurs plus implacables soldats, Scott Walker, Gouverneur du Wisconsin porté par la vague Tea Partyesque, qui comme tout gouverneur se verrait bien carrément président, décide qu’il faut de surcroit abolir le droit de grève pour les fonctionnaires.
Existe-t-il un Vide Intellectuel Négatif ?
Car bien entendu si ce n’était pour ces scélérats qui se la coule douce
Is There such a Thing as a Negatve Intellectual Void ?
dans la fonction publique et sont payés si grassement, le Wisconsin aurait des finances parfaitement saines, sans doutes. Mais pourquoi, si les fonctionnaires du Wisconsin l’ont si bonne, pourquoi alors la queue est-elle bien plus longue pour avoir sa place à Wall Street, plutôt que son bureau à Madison? Et pourquoi, si la situation est si catastrophique, le congrès du Wisconsin a-il donné en réduction d’impôts aux fortunés et entreprises, ce qu’il cherche maintenant à prendre aux fonctionnaires?

L’un des problèmes de Scott Walker, est qu’il est dans son genre aussi dogmatique que le Mullah Omar dans le sien,
et du coup n’impose pas les mêmes efforts aux fonctionnaires réputés Républicains, comme les policiers et les pompiers. Il nous explique que c’est parce que l’Etat ne peut pas se passer d’eux, sous-entendu: si l’on n’a par contre, plus que des bras cassés pour enseigner vos enfants, ce n’est pas grave, tout est question de priorités.

Se passe alors ce que clairement Scott Walker et ses amis, trop convaincus qu’ils sont de leur mission salvatrice, n’avaient pas prévu: les Sénateurs Démocrates du Wisconsin s’enfuient, tout de bon. Une nouvelle variation sur “L’éloge de la Fuite” du professeur Laborit. Pendant 24 heures on ne sait pas où ils sont. ils sont réfugiés en Illinois, l’Etat, incidemment, dont l’étoile est Barack Obama. Sans eux, la législature du Wisconsin n’a pas le quorum pour passer la loi du Gouverneur. Des milliers de manifestants campent dans le Capitol, l’Amérique découvre qu’elle peut être, elle aussi, sujette à des mouvements populaires, oubliés depuis 1972, et ici sans aucun doutes en émulation avec ceux récents du Moyen Orient. Cela d’ailleurs n’échappent pas aux “révolutionnaires” Arabes, et des photos sur le net témoignent de la confraternité qu’ils ressentent pour leur frères Américains (voir photo dans le billet "The Cairo-Madison Express" plus bas, ou dans la catégorie archive "U.S. Politics"). Leur solidarité allant jusqu’à commander des pizzas pour les manifestants de Madison, le monde semble sans dessus dessous.

L’attaque contre le droit de grève est fomentée par l’internationale Tea Partyiste. L’Ohio s’apprête à passer une loi similaire, l’Oklahoma l’aurait déjà fait, le Michigan, le New Jersey et la Floride y aspire. Les Sénateurs démocrates de l'Indiana sont eux aussi en fuite dans l’Illinois, décidément le refuge de tous les desperados progressistes en ce début 2011. En Caroline du Nord par contre,
où le droit de grève a été supprimé en 1959, les manifestants réclament qu’il soit réinstauré. Le combat n’est pas sans rappeler la réforme des retraites en France, et l’hebdomadaire “The Nation” titre “Indignez-Vous!” en Français, cela fait plus révolutionnaire, avant d’exhorter les Américains à retrouver l’Egyptien qui sommeille en eux (voir photo en haut de ce billet).

Mais les réactionnaires sont à cœur perdu dans un catch pour lequel ils n’ont peut–être pas la carrure.
Une interview téléphonique de Scott Walker a surgit, par un journaliste se faisant passer pour David Koch, l’un des milliardaires qui contribue généreusement aux campagnes et au programme du Tea Party. La conversation révèle comment Walker considère ses fonctionnaires, et par contraste, comment il traite ses bienfaiteurs, les rois du capital. Mieux encore que dans l’incident de micro ouvert de Gordon Brown en Angleterre, l’on découvre un être glacial, méprisant, calculateur, déloyal, prêt à tout.
C’est le parfait antidote, car cet entretien montre comment les grands financiers tels que David Koch, propriétaire de la plus riche entreprise sans capitalisation boursière des Etas Unis, tirent les ficelles, et achètent les conditions politiques de leur enrichissement perpétuel. Par comparaison les dirigeants syndicaux semblent des enfants de cœur.

Le Tea Party est porté par la rancœur des perdants du jeu de dupes Américain, et c’est beaucoup demander que d’espérer de la clairvoyance des passagers d’un ascenseur en chute libre. Sans même parler d’équité, il est pourtant indéniable que les employés du secteur public pourraient établir des standards, remparts pour tous aux Etats Unis. Mais lorsque l’argent de la confrérie des magnats est déterminé à détourner le plus grand nombre de leur propre intérêt, il n’est pas certain que les Américains sachent émuler profondément les révoltés du Moyen Orient qui ont tant envie d’être leur inspiration. Ce monde à l’envers serait-il la meilleure façon de marcher droit? Des a priori fondamentaux, fondamentalement pris à rebrousse-poil.


Cette tribune a été publié dans Le Monde le 10 Mars 2011 , ici


The tribune below was published in Le Monde on March 10, 2011, see here. On the same day I was on "Le Forum du Mouv" (Radio France) to talk about the same subject, and the podcast is linked below. A translation of the transcript is available here.


Podcast


AGAINST THE GRAIN



The events of the Middle East interest America. Assuming that President Obama is only a reactive actor in this, he at least, understood immediately that it was the chance for America to step out of the military logic it is addicted to. Without doubt, Barack Obama understands that if after nine years in Afghanistan, the most powerful army in the world of the richest country in the world has neither managed to tame the Taliban, nor convinced Afghans that the U.S. has better offerings for them than the Islamists, then it is time to get out of the reptilian logic.

In any case the attitude of the U.S. president in light of the revolts in the Middle East, proves that he is convinced that the U.S. image in Muslim land is now more strategic than its intercontinental missiles, and it is therefore vital that its administration defends in the Arab world the values which America claims so loudly.

All this fascinates Americans, obsessed with everything related to Islam since September 11, an obsession that manifests itself either by hate or by the need for understanding, whether one is reactionary or not. We know that unbearable economic conditions are the basis of the recent Arab uprisings. Relatively speaking, Americans are also in a painful situation. Since the end of the Clinton era, the standard of living has been falling for the middle class, a consequence of globalization, of the hegemony of the military at the expense of public investment, while powerful lobbies at the service of those privileged by the Status Quo, pound the battle of ideas to deliver the election of officials acquired, it is the word, to their needs.

In America today, 1% of the population owns 40% of wealth, and 22% of revenues. The richest 5%, own as much as the remaining 95%. It is the nation of the western world where social inequality is greatest, Sweden being the most egalitarian one, fairly close to a perfect mathematical equality, which shows that it is possible. It is in this America that in late 2010, Barack Obama had to concede to the Republicans, a two-year extension of tax cuts for billionaires and millionaires, while their deficit cloud the U.S. prospect for a viable financial future. It is in this America that the unemployment blackmail allows repeated attacks on wages.

Today many states are facing deep budget crises. Two responses would be possible:

• Raise some taxes.

• Impose wage cuts for civil servants, cut jobs, services etc ...

Wherever the Republicans are in charge, and even elsewhere, the second option is chosen, the other being completely anathema. Yet raising taxes on income for instance, would make everyone pay for services such as education without which a society collapses. But it is more expedient for social gains revenge takers, to only make civil servants pay.

The pill is bitter, but in a generally obedient America, complaisant, controlled as described above, and consequently muzzled, it would pass. The mortal sin of the Republicans is that they want too much. One of their most implacable soldiers, Scott Walker, Governor of Wisconsin carried by the Tea Party wave, and who, as any governor could very well see himself President, decides that it is also necessary to abolish collective bargaining rights for State Employees. Because of course, were it not for those bastards who take it easy in the public service, and are paid so handsomely, Wisconsin finances would be perfectly healthy, no doubt. But why, if Wisconsin officials have it so good, why is the line is so much longer for a spot on Wall Street, rather than for an office in Madison? And why, if the situation is so catastrophic, did Wisconsin Congress give in tax cuts to the wealthy and corporations, what it now seeks to take away from State Employees?

One of the problems of Scott Walker, is that he is in his way, as dogmatic as the Mullah Omar in his, and does not ask the same efforts from presumed Republican State Employees such as police and firefighters. He explains that that’s because the state can not do without them, understand: if on another hand we have half baked folks to teach your children that is not a serious problem, it's all a matter of priorities.

Happens then what Scott Walker and his friends, clearly too convinced that they are of their God given mission, had not expected: the Democratic senators from Wisconsin run away, without notice--A new variation on Professor Laborit "In Praise of Flight (to flee)" which is touched on in “Mon Oncle D’Amérique” a too little known gem of a movie by famed French director Alain Resnais--For 24 hours we do not know where they are. they fled to Illinois, the state incidentally, whose star is Barack Obama. Without them, the legislature of Wisconsin has no quorum to pass the Governor’s law. Thousands of protesters camp in the Capitol, America discovers that she too, may be subject to popular movements forgotten since 1972, and here no doubt in emulation with those of the Middle East. This does not escape the "revolutionary" Arabs, and photos on the net show the brotherhood they feel for their Americans brothers (see photo in the "The Cairo-Madison Express" below, or in the "U.S. Politics" archive category). Their solidarity goes as far as ordering pizzas for the protesters in Madison, the world seems upside down.

The attack against collective bargaining is instigated by the International Tea Partyist. Ohio is moving to pass a similar law, Oklahoma would already have done so, Michigan, New Jersey and Florida are aspiring to do the same. The Indiana Senate Democrats are also on the run in Illinois, definitely home to all progressive desperadoes in early 2011. In North Carolina au contraire, where the right to strike was abolished in 1959, protesters demand it be reinstated. The fight is reminiscent of the pension reform in France, and the weekly "The Nation" exhorts “Take Offense” "In French on its cover (“Indignez-Vous”) as that might sound more revolutionary, before urging Americans to wake up the Egyptian sleeping in them (see photo at top of this entry).

But the reactionaries have bitten in something that might be too tough for them to chew. A telephone interview of Scott Walker has come up, by a journalist posing as David Koch, a billionaire who contributes generously to the campaigns and program of the Tea Party. The conversation reveals how Walker considers his civil servants, and by contrast, how he treats his benefactors, the kings of capital. Even better than in the open microphone incident by Gordon Brown in England, one discovers an ice cold Jack, contemptuous, calculating, disloyal, ready for anything in order to win. It is the perfect antidote, for this interview shows how great financiers such as David Koch, owner of the United States largest privately held corporation, pull the strings and buy the political conditions for their perpetual enrichment. By comparison, the union leaders seem like alter boys.

The Tea Party is carried by the resentment felt by the losers of the American dupes game, and it is asking a lot to expect foresightedness from the passengers of an elevator in free fall. Nevertheless, without even talking about fairness, it is undeniable that public sector employees could establish standards, social firewalls for all of the USA. But when the money of the Brotherhood of tycoons is determined to divert the many from their own best interest, it is not clear that Americans will emulate the insurgents in the Middle East who yearn to be their inspiration. Would this topsy-turvy world be the best way to walk straight? Fundamental biases fundamentally rubbed against the grain.


This Tribune was published in Le Monde on March 10, 2011, here


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